dimanche 10 février 2008

La pollution de l'air,les méfaits méconnus, dossier réalisé pour Cap21

Les méfaits méconnus de la pollution de l'air
Article rédigé par Isabelle Delannoy -eco-echos.com -eco-echos.com - pour Cap21

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Chaque jour, plus de 14m3 d'air circulent dans nos poumons. Chargé de particules nocives, comme les oxydes d'azote, l'ozone ou les poussières fines, l'air vicié peut causer des dommages importants à la santé, quelque soit l'âge. Au banc des accusés, les transports routiers sont en première ligne. Mais d'autres pollutions comme celles causées par les pesticides ou par les dioxines, doivent être mieux contrôlées.

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Selon l'agence européenne de l'environnement, la pollution de l'air entraîne une diminution de l'espérance de vie d'environ un an en Europe centrale et occidentale. Elle affecte le bon développement des enfants, en favorisant les allergies, les asthmes, les bronchites chroniques et les eczema.


Selon l’Union Européenne, les particules fines contribueraient à elles seules à la mort prématurée de 360 000 personnes chaque année en Europe. Un étude de l'agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (AFSSET) menée en 2002 sur 76 grandes agglomérations hexagonale a estimé entre 6 000 et 9 000 le nombre de décès dûs à ses particules : les maladies cardiorespiratoires et les cancers du poumons ainsi favorisées seraient responsable de 3 à 5 % de la mortalité totale de la population concernée ! Le transport routier et notamment la motorisation en diesel -qui équipe la moitié des voitures particulières en France !- sont les principales sources d'émission de ces particules.

Un enfant roulant en poussette est moins exposé à la pollution atmosphérique que lorsqu’il est dans son siège auto

Faut-il pour autant mettre le moins possible le nez dehors et s'engouffrer rapidement dans l'habitacle douillet de sa voiture pour se protéger des toxiques ? Non. Des études récentes tendent à montrer que les automobilistes sont en fait les premiers exposés aux polluant qu'ils émettent. Ainsi, une étude menée par l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) de Rouen a étonné les chercheurs eux-mêmes : un automobiliste est presque constamment soumis à des concentrations de polluants comme le dioxyde d'azote, que l’OMS recommande de ne pas dépasser plus de dix-huit heures par an. Or l’automobiliste moyen passe facilement une heure par jour dans son véhicule.

Une étude menée par Airparif en Ile de france montre également que l'exposition des automobilistes au benzène et au formaldéhyde, deux cancérogènes notoires, est significativement supérieure pour les automobilistes que pour à celle des piétons et cyclistes.
Un enfant roulant en poussette serait ainsi moins exposé à la pollution que lorsqu’il est dans son siège auto !

Mais certains transports en commun comme le métro présentent des niveaux alarmants de pollution dans les stations, liée notamment aux particules émises lors du feinage des rames. Les sociétés de transport responsales ne peuvent délaisser plus longtemps le problème.

Ainsi, selon les spécialistes, la révision des seuils d'alerte n'est pas suffisante. C 'est la pollution globale et journalière qu'il faut diminuer.

La plupart des outils de prévention et d'action relèvent de la compétence des collectivités terrtoriales

Mais si la qualité de l'air dépend des compétences de l'Etat, la plupart des outils de prévention et d'action relèvent directement ou indirectement de la compétence des collectivités territoriales, dont les municipalités.
Outre les outils réglementaires existant au niveau régional et pour les grandes agglomération, les leviers d'action restent nombreux quelque soit la taille de la municipalité.

L'une des mesures les plus simples serait de maintenir voire d'augmenter au sein des communes les arbres et la végétation en général. Les végétaux n'ont pas seulement le pouvoir de filtrer l'air, ils ont aussi un pouvoir climatisant. Plus la température est clémente, notamment l'été, plus les émanations de différents toxiques baissent.

En outre on ne retrouvera pas une qualité de l'air satisfaisante dans les communes tant que les politiques locales n'offriront pas des alternatives de transport à leurs administrés, en multipliant les solutions de transport en commun mais aussi en favorisant les alternatives douces, comme le vélo, ou la marche à pied.
Les enfants, dont le système respiratoire est en plein développement, sont les plus fragiles. Les files de voiture devant les cours d'école ne sont pas une fatalité. Les communes d'Issy-les-Moulineaux ou de Clermont-Ferrand par exemple, ont mis en place des pedibus, gérés par les parents d'élèves. Tour à tour, ces derniers suivent un circuit qui prend les enfants à leur domicile pour les amener à l'école. Si l'organisation peut être difficile au début, les gains en terme de convivialité et de santé ne sont pas négligeables. Non seulement les enfants sont moins exposés à la pollution que dans une voiture mais il pratiquent un exercice physique quotidien.

Dans certaines capitales et grandes villes européennes, comme Londres, Stockholm, Oslo, Rome ou Milan, des mesures plus drastiques ont été prises, telles le péage urbain. Après une phase test de un an en 2006, Stockholm a décidé de pérenniser l'opération, avec le soutien de la population. Londres, étend le périmètre soumis à péage et renforce les taxes aux véhicules les plus polluants. Selon le réseau de transport londonien TfL, les résultats semblent au rendez-vous : les deux tiers des poids-lourds et 50 % des cars respecteraient déjà les normes européennes en matière de rejets polluants et une économie de 331 millions d'euros est attendue sur la facture de santé des londoniens, concernant notamment les problèmes respiratoires.

Les solutions sont multiples. La municipalité de Canne par exemple mise sur l'électrique pour renouveler son parc automobile. Dans les campagnes, la multiplication des autoroutes et des dessertes autoroutières doit cesser. La France a le premier réseau autoroutier européen et il est possible d'optimiser l'existant. C'est ce qu'a fait la commune rurale de Briis-sous-Forge, en Essone qui a créé le premier arrêt de bus sur autoroute. Plutôt que de construire de nouvelles routes d'entrée et de sortie vers l'autoroute avoisinante, la commune a aménagé un ascenseur amenant devant une porte vitrée qui ne s'ouvre que lorsque le bus arrive. On peut ainsi laisser sa voiture ou son vélo au parking pour prendre le bus qui amène directement à la gare RER la plus proche.

Des polluants non contrôlés, les pesticides et les dioxines

En outre, des polluants importants ne sont pas contrôlés tels que les pesticides ou les dioxines.

Un étude d'Airparif, menée de mars à juin 2006, a montré que les pesticides étaient présents aussi bien dans l'air des villes que dans celui des campagnes. Au coeur de Paris, on retrouvait 19 pesticides différents et 30 dans les communes rurales ! Ils étaient néanmoins en concentration moindre dans la capitale et les pesticides de type horticole étaient plus présents. Des résultats similaires ont pu être observés à Clermont-Ferrand ou à Rennes.
Pour sensibiliser les communes à ce problème, l'association des naturalistes orléannais a lancé l'opération "Objectif zéro pesticide dans nos villes et villages" qui accompagne les municpipalités souhaitant en réduire l'usage pour l'entretien des voiries et des espaces verts. Aujourd'hui, des villages comme des grandes agglomérations (Rennes, Lille, le grand Lyon...) s'engagent dans cette voie.

Enfin, le mode de gestion des déchets ménagers par les communes doit s'améliorer. Plus les incinérateurs sont privilégiés, plus les risques d'émission de dioxines, de puissants cancérogène, sont grands. La mise aux normes européennes des incinérateurs français a permis de diviser par cent les émissions de dioxines en une décennie. Mais la question de leur nocivité reste d'actualité : la France possède à l'heure actuelle plus de 130 incinérateurs qui traitent 43% du tonnage total de déchets ménagers et plus d'une dizaine de projets de construction de nouveaux incinérateurs est en cours. Le contrôle des émissons est sous la responsabilité des sociétés d'exploitation et manque d'indépendance. Les incinérateurs sont aujourd'hui si présents que même lorsque des manquements au respect des normes sont reconnus par la justice, il n'est pas toujours possible d'en faire cesser l'activité. Ainsi l'incinérateur de Lunel dans l'Héraut s'est vu retirer son autorisation d'exploitation par le tribunal de Montpellier. Mais confronté à une pénurie d'installation de traitement dans le département, le préfet n'a pu en autoriser la fermeture. Qu'il s'agisse de valorisation énergétique, notamment par la transformation en biogaz, de récupération et de recyclage des matières premières, ou de qualité de l'air, la gestion des déchets accuse un retard certain en France, avec le plus faible taux de valorisation d'Europe et le taux le plus élevé d'incinération et de mise en décharge !

Mieux informé, le citoyen peut devenir un acteur puissant

La pollution de l'air que nous respirons nous concerne tous et sa diminution demande une politique courageuse de la part des municipalités. Mais il existe un levier d'action puissant : les premiers responsables sont aussi les premières victimes. Mieux informé des risques qu'il encourt et qu'il fait encourir à sa famille, l'automobiliste ne sera-t-il pas plus enclin à laisser sa voiture au garage ? Le citoyen ne préfèrera-t-il pas réduire ses déchets et améliorer leur tri si à la clé, il s'agit de mieux les valoriser, d'éviter la construction d'un incinérateur et ainsi de diminuer ses risques d'exposition à d'éventuelles dioxines ?

Article rédigé par Isabelle Delannoy -eco-echos.com -eco-echos.com - pour Cap21

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